On à cassé le moule !

On à cassé le moule !

Il y a bientôt un an, on a changé de vie complètement.

On est passé de la vie de banlieue accompagnée d’une sécurité financière et d’un certain luxe pour déménager en région sur un flanc de montagne avec une petite terre boisée bien à nous.

Évidemment pour cela on a dû se lancer dans le vide en vendant nos actions d’entreprises, le duplex et notre maison familiale.

Donc on a osé, et on a réalisé le rêve qu’on caressait depuis environ 7 ans, soit; vivre en campagne sur notre propre petite terre et aspirer à l’autosuffisance en famille.

Plusieurs me demandent souvent comment on trouve cela et si on le regrette ou pas.

Je pourrais dire simplement que depuis, j’ai commencé à vivre pleinement.

Je me rends compte que le rythme de vie que la société nous impose axer sur la performance n’était tout simplement plus pour moi.

Le trafic, les voisins collés, le poids des responsabilités qui viennent avec les entreprises, les heures de travail qui s’accumulent m’apportaient du stress qu’au fil du temps j’avais de plus en plus de difficulté à gérer.

Malgré que mes heures passées au travail étaient raisonnables, je me suis aperçu que quand j’étais à la maison je n’étais jamais vraiment là complètement. J’avais mille choses en tête qui m’empêchait d’apprécier le moment présent.

C’est mon médecin ces dernières années qui m’a fait réaliser que mon corps m’envoyait des signaux qui démontraient que ça ne marchait plus. J’ai fait un zona à 35 ans, ensuite j’ai eu des colites ulcéreuses et j’avais régulièrement des brulures d’estomac qui étaient finalement créées par le stress.

Au début, je dois avouer que j’ai trouvé ça ridicule. Moi l’homme d’affaires, j’étais capable de gérer cela, c’était mon travail et juste normal d’avoir le poids des responsabilités qui viennent avec.

Et de toute façon c’est ce que j’avais toujours voulu, la « réussite » …

Mais avec le temps, à force de me demander pourquoi j’étais de plus en plus irritable, de mauvaise humeur et voir même agressif pour rien, j’ai fini par me demander si c’était vraiment la vie que je voulais et si ce n’était pas justement mon rythme de vie le problème.

J’avais l’impression de vivre juste pour accumuler des biens et accumuler de l’argent. Et pourquoi dans le fond ? Pour bien paraitre ? Pour que je me dise ou qu’on se dise de l’extérieur que j’ai réussi ma vie en apparence ?

Je dois avouer que je n’étais jamais satisfait et que je voulais toujours plus.

Je dépensais donc émotivement pour combler un vide grandissant.

Quand j’y pense, je trouve que ça n’avait pas de sens de travailler en fou toute l’année pour avoir un maigre 2 à 5 semaines de vacances par année.

Parlant de vacances, ça pouvait me prendre 7-8 jours juste pour commencer à moins penser au travail et finalement arriver à décrocher quelques jours avant de me replonger dedans pour des mois.

À force de réflexion, j’ai fini par me rendre compte que rendu à la fin de ma vie, j’aurais bien beau avoir le coffre-fort qui déborde, le temps et la santé, ça ne s’achète pas et ma banque de celui-ci va être épuisée comme tout le monde.

Finalement, je l’aurai gaspillé pourquoi dans le fond ? Pour des autos changées aux 4-5 ans, une grosse maison récente, la dernière console sortie, la plus grosse TV, une piscine creusée ou une virgule mieux positionnée dans mon compte de banque ?

Ça donne quoi si l’on a à peine le temps d’en profiter les années qu’on est en forme et en santé ?

Bref, maintenant je travaille moins et le temps épargné je le mets sur notre terre pour vivre le plus possible de ce qu’elle nous apporte.

C’est dur de décrire la fierté qu’on a eue l’automne dernier pour quelque chose d’aussi simple que la première récolte de nos pommiers.

On a fait une mega « batch » de compote simplement en ramassant les pommes tombées des pommiers avec les enfants. Ça n’a rien couté autre que de l’huile de coude et on en a eu pour plusieurs semaines.

À mon avis, c’était la meilleure compote de pommes que j’ai mangée de ma vie et les enfants aussi.

Depuis qu’on est ici, on n’a jamais racheté d’œufs. Nos poules nous fournissent plusieurs œufs par jour en remerciement de nos bons soins.

Présentement, notre sous-sol se transforme tranquillement en jungle, les semis sont partis pour notre premier jardin. On espère arriver à une première récolte cette année qui va nous faire sauver beaucoup sur le budget d’épicerie.

Je ne sais pas vous autres, mais moi payé un échantillon de brocolis 4.99$ ou même plus ça me dépasse.

Et on s’entend qu’un sandwich aux tomates n’est jamais aussi bon que s’il provient de celles qu’on à fait pousser avec amour en famille.

Juste pour te donner une idée d’à quel point l’ancien citadin que j’étais se transforme tranquillement en gars de la campagne, cette semaine j’étais tout énervé de découvrir que je pouvais faire pousser des peanuts dans mon jardin !

Donc au moment d’écrire ces lignes, le p’tit père s’apprête à planter ses semis de peanuts. Ben oui toi, je vais planter des peanuts ! 

Avec le prix de l’essence, l’épicerie qui monte en flèche depuis des années, les matériaux qui coute les yeux de la tête, etc., etc. on apprend à vivre de peu et de faire avec ce qu’on a.

Notre mentalité ne changera pas en quelques semaines, mais tranquillement pas vite, la magie opère.

En étant une famille de neuf, il y a aussi notre empreinte écologique qui va être diminuée. Si la majorité des kilos de nourritures qu’on consomme annuellement passe de notre terre à l’assiette plutôt que de voyager en machine à moteur et d’être suremballé de plastique au préalable, ça va contribuer à poser un geste significatif pour notre planète.

De plus, nos restants deviennent du composte qui lui retourne au jardin pour nourrir nos futurs légumes.

C’est quétaine, mais c’est simplement la roue du cycle de la vie qui se fait naturellement.

Notre nouvelle vie est, disons-le, moins glamour, on ne fera pas non plus la première page d’une revue de home stagging et ça se peut que si tu débarques chez nous, tu trouves que nos vieux plancher de bois sont bien trop sale ou que notre aménagement paysagé laisse pas mal à désirer.

Ça se peut que tu trouves que ça ne fasse pas de sens que nos enfants plus tard risquent de devoir travailler pour payer une partie de leurs études s’ils vont à l’université, car on n’aura peut-être pas les moyens de payer des hautes études à sept enfants.

Et tu as le droit, cependant, je pense que c’est préférable de montrer à quelqu’un à pêcher le poisson plutôt que de toujours lui en donner.

L’odeur du feu de foyer qui réchauffe notre maison, nos vieux plancher qui craque, les enfants qui rentrent plein de bouette après des heures à avoir jouer dehors dans le bois et même les Co Co RICOOO fréquents de Billy notre coq, correspondent pour nous à l’odeur et au son du bonheur.

Tranquillement, avec le temps, on devient de plus en plus en symbiose avec la nature, notre vision de la vie change et nos priorités semblent reprendre une place qui leur sied mieux.

Un jour, peut-être, à force d’effort et de labeur, on aura accompli pleinement notre rêve d’être autosuffisant avec les ressources de notre terre et de nos animaux et ce jour-là je crois qu’aucun chiffre dans un compte de banque ne pourra me remplir autant de fierté.

En attendant, on apprend à vivre au gré des saisons, en symbiose avec la nature de l’admirer dans toute sa splendeur, d’apprécier le silence parfois troublé des chants des oiseaux et des autres espèces qui peuple notre petit coin de paradis.

On partage avec nos enfants nos nouvelles connaissances et de les voir évolués et s’adapter à ce nouveau mode de vie nous remplis de bonheur.

Les soirs, on regarde le soleil se coucher à l’horizon accompagné de la satisfaction du devoir accompli et je dirais qu’on a même hâte à l’aube du lendemain pour continuer nos projets, un jour à la fois, une saison à la fois.

En vieillissant, le temps semble passer plus rapidement, je n’ai pas trouvé comment l’arrêter, mais j’ai maintenant l’impression de marcher avec lui main dans la main en n’en profitant pleinement, et ça, pour moi, ça fait de moi un homme plus riche que je n’aurai jamais pu espérer l’être un jour.

 

 

 

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